En juin 2008, lorsque l’iPhone 3G est sorti, je n’ai pas pu résister et me suis résolu à filer de l’argent chaque mois à Orange, à mon grand désespoir, pour pouvoir utiliser ce nouvel objet d’une manière décente.
Je ne veux pas donner l’impression d’en faire des tonnes, mais c’était vraiment à contre-coeur, contraint et forcé de reprendre un abonnement avec une société que j’avais pourtant été ravi de quitter en résiliant ma ligne fixe auprès de France Telecom au profit de mon abonnement dégroupé ADSL. A contre-coeur donc, surtout pour la somme que cela représentait chaque mois (environ 53€) pour une durée d’appel plutôt réduite (2h), une connexion Internet certes illimitée, mais limitée quand même tant dans le débit que dans les fonctionnalités proposées (VoIP, partage de connexion, etc…). Pire, lorsqu’une fonctionnalité n’était pas purement et simplement interdite, Orange me taxait un supplément sur mon abonnement pour pouvoir l’utiliser.
J’avais donc décidé de prendre le forfait le plus accessible mais incluant les options indispensables pour l’utilisation la plus confortable possible de mon iPhone. Sauf que la fameuse “subvention opérateur” sur l’acquisition de l’iPhone obligeait à s’engager sur 1 ou 2 ans (c’est un crédit caché, sauf qu’on ne peut pas en déterminer précisément le taux, puisqu’il n’a pas de fin: il ne s’arrête qu’en résiliant son abonnement et pas avec la fin de la période d’engagement). Orange et ses confrères ont d’ailleurs toujours poussé (et encore aujourd’hui) à s’engager sur 2 ans par défaut.
Flairant l’arnaque et peu enclin à filer trop d’argent à ceux que je considérais déjà comme des voleurs, j’optais pour un forfait plus cher de 4€ par mois pour ne me lier à cet opérateur que sur un an. Ce qui se révèlerait être un choix judicieux l’année suivante à la sortie de l’iPhone 3GS: j’étais alors libre de tout engagement à quelques jours près et après avoir très bien revendu mon modèle 3G, je mettais la pression à Orange pour obtenir les mêmes avantages qu’un nouvel abonné et accepter de rester chez eux au lieu de fuir chez SFR.
Pour la petite anecdote, Orange, voyant arriver mon échéance d’engagement et la sortie simultanée du 3GS, m’avait alors crédité de plusieurs milliers de points d’un seul coup sans que je ne demande rien. Lorsque quelques jours après la sortie de l’iPhone 3GS, je me suis rendu dans une boutique Orange pour négocier, le vendeur a consulté mon compte et s’est grandement étonné de mon nombre de points: “Vous connaissez quelqu’un chez Orange? Parce que vu le petit (gloups!) forfait que vous avez, engagé sur 1 an seulement et le peu de consommation que vous en faites, vous ne devriez pas avoir autant de points, Orange perd de l’argent avec vous, la subvention de votre téléphone nous coûte plus cher que ce que vous nous rapportez.” Je repartais néanmoins avec mon nouvel iPhone subventionné et un ré-engagement sur un an, en m’étant retenu d’exploser de rire (et accessoirement de lui exploser les deux genoux pour se foutre aussi ouvertement de ma gueule). Ce type sous-entendait qu’Orange me vendait à perte alors qu’ils se gavaient déjà grassement sur mon dos.
L’année suivante, à nouveau libre pile poil pour la sortie de l’iPhone 4, je revendais toujours aussi bien mon 3GS et Orange ayant traîné à me créditer de mes points miraculeux nécessaires à l’acquisition au même titre qu’un nouvel abonné de mon Précieux, je filais directement chez SFR (la portabilité du numéro étant désormais parfaitement orchestrée). Las, de concurrence il n’y avait point et c’est sur un forfait sensiblement identique que je me suis alors arrêté: une poignée d’euros en moins par mois à condition de réduire encore ma durée d’appel (à 1h).
J’ai bien souvent dépassé mon forfait, parfois sur les appels, mais bien plus fréquemment à cause de mon utilisation du mode modem (aka partage de connexion), très chèrement facturée puisque par tranche: de 5€ (pour 50Mo/mois) à 40€ (pour 1Go/mois max). SFR me facturait donc en suplément une connexion Internet dont j’aurais déjà dû disposer grâce à mon forfait de base, soit disant illimité et au coût non-négligeable.
Puis en mai 2011, j’ai acheté un iPad2. Celui-ci existe en 2 versions majeures (au delà des capacités de stockage): une version uniquement wifi et une autre wifi+3G. Bien évidemment, cette deuxième version nécessitant un nouvel abonnement chez un opérateur escroc, j’optais alors pour la version wifi only, persuadé que le nouveau trublion sur le marché de la téléphonie dont on parlait depuis quelques mois maintenant et qui ne tarderait plus à arriver me donnerait prochainement raison. En effet, puisque j’ai toujours mon iPhone sur moi et qu’il est equipé de 3G et qu’il sait faire du partage de connexion, pourquoi ne pas m’en servir pour mon iPad les quelques fois où je souhaite l’utiliser en mobilité? Sauf que ni SFR mon opérateur du moment, ni ses concurrents confrères ne me permettait de le faire sans que ça me coûte un bras chaque mois en plus de mon forfait.
Ceux qui ont suivi jusque là et qui ont fait le calcul, savent donc que j’étais désengagé de SFR en juillet 2011, soit quelques mois avant la sorti du nouvel iPhone, le 4S. J’aurais donc pu renouveler mon opération habituelle pour obtenir ce petit bijou de technologie moyennant un engagement d’un an chez l’un ou l’autre de nos charmants opérateurs. Mais cette fois ci, j’ai décidé d’attendre… Quelques mois plus tard allait entrer un nouvel acteur qui allait juste faire voler en éclat le business de la téléphonie mobile et répondre à toutes mes attentes depuis plus de 4 ans.
Introducing Free Mobile
Le 10 janvier 2012, après avoir lutté des années contre un fort lobbying auprès de l’état des 3 acteurs principaux (Orange, SFR et Bouygues) afin d’obtenir une licence 3G, Xavier Niel annonce l’ouverture de Free Mobile et frappe très fort avec 2 forfaits qui n’ont rien à voir avec ce que proposent ses concurrents, même avec leurs marques low-cost apparues entre-temps en prévision de l’arrivée de Free Mobile.
En effet, Orange, SFR et Bouygues, toujours prompts à accorder leurs violons ont donc créé respectivement Sosh, Red et B&You, sortes de sous-marques de leurs marques (pourtant déjà pas bien glorieuses, c’est dire!). Étrangement, on y retrouvait à peu de choses près la même chose mais pour moins cher. Là, déjà, j’ai du mal à comprendre le principe: comment une même société peut vendre 2 fois le même produit à des prix différents? Quel est le message transmis à ses clients? “Vous êtes pauvres, y’a un forfait pour vous. Vous êtes riches, y’a un forfait pour vous aussi, c’est le même mais plus cher (parce que vous êtes riches).”
Mais chose encore plus surprenante, ces mêmes opérateurs, qui n’ont pas bougé leur prix pendant des années et ont margé comme des porcs sur le dos de leurs clients, ont dès le lendemain de l’annonce de Free Mobile effectué des coupes Importantes sur le montant de leur forfait, allant même parfois jusqu’à aligner leurs marques low-cost avec Free Mobile.
Pourquoi? Je veux dire, pourquoi changer ses prix à ce moment là? C’est se foutre ouvertement de la gueule de ses clients. Il fallait le faire dès décembre 2009 lorsque Free a obtenu la 4ème licence 3G, ou ne pas le faire du tout et assumer jusqu’au bout. Mais là, c’est juste complètement dingue. Ces mêmes opérateurs, qui déclaraient fin 2010 – début 2011, ne pas pouvoir supporter la hausse de TVA annoncée et devoir la répercuter sur les abonnements de leurs clients.
Alors aujourd’hui, quand je lis ici ou là que certains de leurs clients vont rester chez eux “parce qu’ils se sont alignés sur les prix de Free Mobile”, ça me file vraiment envie de chialer (et puis après je me reprends et je me dis que ce sont juste des gros cons et qu’ils n’ont que ce qu’ils méritent… huhu).
En attendant, moi, je suis enfin Libre. Free Mobile me permet de réduire jusqu’à 5,6 fois ma facture mensuelle. Je paye désormais pour quelque chose de clair, sans coûts cachés, sans engagement, avec toutes les fonctions dont j’ai besoin et sans aucune limitation. Toutes ces réelles économies me permettront d’acheter moi même mon mobile comme je l’entends, sans avoir l’impression de me faire entuber via un crédit caché dans mon abonnement.
Free n’a pas tueR les autres opérateurs mobiles, mais il a très certainement mis fin à des pratiques “dégueulasses” pour le bien de nous tous, utilisateurs qui avons longtemps été oubliés: l’engagement et le ré-engagement abusif, le système de points de fidélité complètement tordu, les bridages de fonctionnalité, le partage de connexion facturé en supplément, les appels “hors-forfait”, les coûts de SMS exagérément élevés, etc…
Alors quand un ami, un parent, un collègue ou un inconnu me demande s’il faut ou pas rejoindre Free Mobile, j’avoue, je m’emporte un peu lorsque je lui hurle: “Mais putain oui, bordel!!! T’as vraiment envie de filer un centime de plus à ces enfoirés d’Orange, SFR et Bouygues Telecom qui se sont gavés sur ton dos pendant des années? Mais merde, ouvre les yeux et même s’ils s’alignent, dis leur d’aller se faire foutre à moins de te rembourser de manière rétroactive pour les 10–15 ans écoulés”.
Je pourrais continuer de râler sur des pages et des pages tant les pratiques de 3 opérateurs me débectent. On voit d’ailleurs sur la toile un peu partout de nombreux exemples de ce dont ils sont capables pour éviter la fuite légitime de leurs abonnées. Mensonges, intimidations et non-respect des lois concernant les ré-engagements de leurs propres clients. Ces méthodes ont un nom en anglais, on appelle ça un FUD, pour Fear, Uncertainty and Doubt (Peur, Incertitude et Doute en français) et ça en dit long sur les entreprises qui le pratique. A vous de voir… en attendant, je pense qu’on a pas fini de rigoler en les regardant s’acharner à essayer de sauver les meubles.