Contrairement à ce qu’on pourrait croire, l’intitulé de cet article ne résulte pas d’un pari idiot consistant à placer des titres de films “à l’eau de rose” dans mes billets. Mais laissez-moi plutôt vous expliquer…

Il y a quelques jours de cela, ma fille me demande si elle peut regarder ce chef d’oeuvre culturel, emblème de toute une époque, un classique parmi les classiques du cinéma d’auteur, le grand, le sublime… “Dirty Dancing”. Évidemment, j’aurais préféré qu’elle me demande Star Wars ou encore Matrix, ça n’aurait pas pas généré toute l’histoire qui s’en suit (et n’aurait du coup débouché sur aucun billet, ce qui fait que je ne sais pas pourquoi je dis ça, mais bref revenons à nos moutons…)

Ne disposant pas de ce titre (“Dirty Dancing” donc, merci à ceux qui suivent) dans ma DVDthèque, je fonce sur les différents services de VOD mis à ma disposition via mon abonnement Freebox, prêt à dépenser sans compter une poignée d’euros pour permettre à ma princesse de découvrir la danse de salon, la vraie, pas ces trucs dégoulinants qu’on voit dans Danse avec les stars (hautement culturel ce billet, attention!).

Je fais alors un rapide tri parmi tous les services de VOD pour ne garder que ceux proposant des films. Il y en a 7. Je commence par chercher sur FHV (Free Home Video): rien, puis MyTF1 VOD: pas mieux, CanalPlay VOD: que dalle, CanalPlay Infinity: néant, Ciném[a]s @ la demande: je commence à désespérer, Univers Ciné: toujours rien et iTunes Store: mon dernier espoir vient de s’éteindre.

Pourtant je voulais les claquer ces quelques euros, j’aurais été ravi de les dépenser d’une façon aussi simple, en quelques clics, depuis ma télévision, pour faire plaisir à ma petite princesse. Je ne suis pas un vilain pirate et même plutôt un gros consommateur de VOD. Finalement, une recherche sur Google DuckDuckGo plus tard et le téléchargement illégal de “Dirty Dancing” en VF commençait.1

10 minutes après, le film était sur le disque dur de ma Freebox et ma fille commençait à découvrir les aventures de Johnny et Bébé…

La preuve par l’exemple était faite, le téléchargement illégal avait donc encore triomphé. Alors même si tout ceci peut paraitre anecdotique, je m’interroge sur l’avenir de la VOD en France, où l’on a tendance à reproduire les mêmes erreurs que pour la musique en ligne. Quand est-ce que les ayant-droits comprendront que tout ce qu’on demande, c’est un service de qualité, permettant d’avoir accès à tous les films, quel que soit leur âge, leur genre ou leur réputation, de la façon la plus simple possible? Ce n’est pas juste un problème d’argent. Au lieu de ça, on s’entête à maintenir des règles de chronologie des médias complètement aberrantes en cette ère numérique, et producteurs et syndicats cinématographiques envisagent de doubler le prix de location d’un film en VOD, jusqu’à plus de 8€, malgré la médiocrité du système. Autrement dit, on n’est pas près de voir arriver des services comme Netflix ici.

Alors je vois déjà les mauvaises langues se gausser: “Oh, l’autre, hé, Dirty Dancing, évidemment, v’là le film tout moisi… Pourquoi pas Point Break tant que tu y es?”2 Du coup, j’en ai profité pour faire le point sur la présence de véritables chef d’oeuvres du 7ème art sur les services de VOD précédemment cités et établir un classement. Pour le choix des chefs d’oeuvres en toute impartialité, c’était facile, je me suis basé sur quelqu’un aux goûts sûrs et irréfutables en matière de cinéma: moi-même. J’ai donc soumis mon Top 10 de tous les temps à ce petit test et même si la liste n’a rien d’exhaustive, elle donne un bon aperçu des services qui se démarquent un peu par la richesse de leur catalogue.

Titre  FHV  MyTF1 VOD CanalPlay VOD CanalPlay Infinity Ciném[a]s @ la demande Univers Ciné iTunes Store
The 25th hour (24 heures avant la nuit)
Requiem for a dream
Bienvenue à Gattaca
Memento
Scarface
The Shawshank redemption (Les évadés)
The goodfellas (Les affranchis)
Un air de famille
Lost in translation
De battre mon cœur s’est arrêté

Résultats:

  • sur 10 films, 2 sont totalement introuvables (20%),
  • sur 7 services, 3 ne disposent d’aucun de ces 10 chefs d’oeuvres cinématographiques (42%),
  • sur les 70 possibilités d’accéder à ces films, seules 18 se révèlent positives (25%),
  • c’est CanalPlay VOD qui s’en sort le mieux avec 7 films sur 10 (70%), talonné par iTunes Store (50%) et MyTF1 VOD (40%).

Tout ça pour dire que c’est médiocre, et qu’il reste d’énormes progrès à faire. Et à la vue de ces résultats, on peut difficilement s’étonner de la présence grandissante de films sur les réseaux P2P et autres sites de téléchargements directs.


  1. Je ne mets délibérément pas le lien du torrent ni même de la recherche, le but ici n’étant pas de promouvoir le téléchargement illégal mais de démontrer l’aberration du système. Toutefois, n’importe qui capable de taper 3 mots dans un moteur de recherche devrait en tirer les mêmes conclusions que moi.  ↩

  2. Dans un soucis d’équité face aux films de Patrick Swayze et pour faire plaisir à quelqu’un qui se reconnaîtra, j’ai donc aussi contrôlé la présence de Point Break sur les 7 services de VOD à ma disposition. Résultat: il est bien disponible sur 2 d’entre eux, Univers|Ciné et iTunes Store. Ouf, l’honneur est sauf.  ↩

#video — #  #  #

14 commentaires

Jerome dit :

Alors évidement, tout de suite je réagis :
1) celui qui « se reconnaîtra » aimerait bien qu’on ne mette pas sur le même plan c’est guimauverie dégoulinante pour pré-pubère (selon moi, ta fille n’a d’ailleurs pas encore l’âge de regarder cette « Danse Cochonne » où la tension sexuelle est tellement forte que l’écran en dégouline…) et ce cultissime policier-surf à qui d’ailleurs Jean Dujardin doit tout ! (sans Point Break, pas de Brice de Nice, et sans Brice de Nice, pas de The Artist ni du scandaleux Oscar totalement immérité !…)

2) J’avais l’intention de vous inviter, ta femme et toi à dîner, mais je vais éviter. La mienne finance le cinéma, et dès que je lui parle de cette chronologie des média rétrograde, je ne te raconte pas les engueulades !!
Son argument (et celui des producteurs, distributeurs et autres ayants-droits…) c’est que pour financer un film, il faut compter sur les entrées en salle bien-sûr, mais aussi le potentiel de revenu qu’il peut représenter pour un passage tv, et aussi sur la vente des DVDs, la VOD (sans parler de l’export). Et donc tous ces opérateurs, distributeurs (UGC, etc.), les chaînes de tv (Canal+, TF1, etc.), les éditeurs de DVDs, les opérateurs de VOD, tous sont sollicités pour apporter de l’argent dans le film en projet pour qu’alors ce film puisse se faire. Sans eux, le film ne se fait pas !
Enfin (et là est mon argument), le film ne se fait pas à ce prix là. Car il est là le vrai problème. Des sommes de + en + extravagantes sont mises en jeu, pour un résultat très rarement à la hauteur des budgets. Ces films pourraient être produits pour des budgets bien moindres, qui alors rentabiliseraient l’opération avec, disons, sorties en salle + tv, comme au bon vieux temps…
Ca, c’était mon point un. J’essaie dans le weekend d’exposer mes points deux et trois !
Ou pas…

Fabien dit :

Mes réponses à tes remarques:
1) Pour l’avoir revu avec ma fille, je tiens à préciser qu’il y a à peu près autant de tension sexuelle dans Dirty Dancing que dans un épisode de Dora l’exploratrice… Ce qui pouvait provoquer un certain émoi dans les années 80 n’a plus aucun effet aujourd’hui où une simple pub pour de la lessive mériterait un accord parental préalable.
Quant à Point Break, même si j’ai l’air de me moquer, je souhaite te rassurer, il fait parti également parti de mes films cultes (c’est à dire vu plus d’une dizaine de fois).

2) Je comprends l’argument, mais c’est avec ce genre de façon de penser que les majors dans le monde de la musique ont raté le coche et voient leurs ventes de CD décliner d’années en années (au delà du fait qu’ils produisent beaucoup de merdes quand même). Ils viennent aujourd’hui chouiner contre le piratage, mais n’ont jamais été capable de mettre en œuvre une alternative viable. Les ventes de DVD sont également vouées à disparaître au profit de la dématérialisation. Le « téléchargement illégal » n’empêche pas de remplir les salles (au contraire, d’année en année le nombre de spectateurs augmente), seule la vente de DVD peut en souffrir. La chronologie des médias profite au téléchargement illégal et remplit les poches des Megaupload et confrères, au détriment des ayants-droits. Une VOD intelligente, justement tarifée, disponible dès la fin de l’exploitation en salle pourrait très largement récupérer le manque à gagner de la dématérialisation. Mais pas à 8€ le film en VOD, sérieusement!!! Qui sont les pirates, là? Faudra pas s’étonner…

Jerome dit :

1) ravi que nous ayons les mêmes cultes.
Pour moi, j’ajoute en tant que cultes (cultes, pour moi, ne veut pas dire que ce sont les meilleurs films que j’aie vus)
– Fight Club
– Certains épisodes de Star Wars (pas tous)
– Les Galettes de Pont-Aven

2) Si je devais te donner 1€ à chaque fois que je partage ton avis, ta démonstration, ton opinion, j’aurais déjà dû mettre mon appartement familial du Marais en hypothèque !
:-)

Blythe dit :

Ahah ben moi je l’ai Dirty Dancing en DVD, et l’avenir cinématographique de ma fille est d’autant plus sauf que j’ai aussi Point Break ;op
Sinon, ce n’est qu’une preuve de plus que le téléchargement illégal a de beaux jours devant lui en France, rien qu’avec la manière dont les chaînes diffusent les séries aussi on en a une preuve permanente !

Fab dit :

De plus, il faudrait signaler qu’un fichier *.mp3 ou *.avi n’a aucun rapport en qualité avec les fichiers non compressés d’origine. Ceux qui me diront « on ne voit pas la différence » sont les mêmes que xeux qui se sont fait avoir par l’apparition du cd musucal. Le vinyle est nettement meilleur en qualité sonore (cependant moins pratique). Mais bon, le progrès…
Pour les films cultes, on peut en rajouter pleins, l’offre en VOD concerne en priorité les sorties. On risque peu à télécharger illégalement les vieux trucs des années 70/80. Genre « Le grand blond… »(oui c’est naze comme exemple) Par contre, la sortie du mois, c’est plus risqué.

Fabien dit :

@Jérôme:
1) Nous partageons la même définition de culte alors (rapidement, j’ajouterai « TopGun » et « C’est arrivé près de chez vous » à ta liste, mais il y en a beaucoup d’autres)

2) Un appartement dans le Marais?!? Alerte gauche-caviar !!! ;)

@Blythe:
Ha ha, j’étais sûr que tu les avais ces DVD. Et si t’avais encore été dans le coin plutôt qu’à plusieurs milliers de km, j’aurais pas eu besoin de commettre un crime pour faire plaisir à ma fille…
Pour les séries, c’est encore pire oui. Si elles ne sont pas diffusées dans le désordre et en VF, elles sortent de toute façon tellement longtemps après leur diffusion aux US que tout le monde les a déjà vu en streaming ou téléchargement. Une véritable catastrophe.

@Fab:
C’est bien l’un des problèmes que j’expose. Pourquoi la VOD ne concerne que les sorties récentes ou les blockbusters et pas les plus petits films ou les films plus anciens? J’ai du mal à croire que les producteurs cinématographiques n’aient jamais entendu parler de la Longue Traîne ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Longue_traîne )

Jerome dit :

@Fabien
Mon modeste appartement ne fait que 80 m2, et quand je l’ai acheté, il y avait tout à refaire, c’était une ruine…D’où un prix bas.
Mais oui je suis de gauche. Et oui je donnerais ma vie pour défendre les opprimés, soutenir les démunis… Mais je ne suis pas obligé de vivre avec !
;-)

J’avais promis un point 2 et un point 3 au sujet de la problématique de départ. Je l’ai ai oublié. Alors je passe directement à mes points 4 et 5 ! :-)

Point 4 : La Longue traîne. Alors là, sache que bien-sûr il en ont entendu parlé. Et j’ai passé des soirées à essayer de préciser à mon voisin (qui gère des droits pour un grand producteur français) ce que ça voulait dire, et les perspectives de développement que ça pouvaient faire entrevoir. Autant essayer de persuader un Sarkosyste que le déficit budgétaire se règle aussi par l’augmentation des recettes !…
Cette industrie actuelle du cinéma mourra de ne pas avoir voulu comprendre que le monde a changé, et surtout que des sources de profit ont changé de place.

Point 5 : Moi, j’ai une carte UGC illimitée. C’est con, mais ça me donne l’impression que j’ai le droit de télécharger ce que je veux. Si je n’ai pas le temps d’aller le voir au cinéma, où si le film qui m’intéressait a très vite disparu des programmations, alors que j’ai payé mon forfait mensuel, eh! ben je le cherche ailleurs. C’est tiré par les cheveux, mais ça me plait comme façon de voir les choses !

Fabien dit :

@Jérôme:
Point 4: On est d’accord!

Point 5: Intéressant comme point de vue. C’est effectivement un peu exagéré, mais ça rejoint l’idée d’une licence globale. Ce qui est amusant, c’est de se replacer dans le contexte à l’époque des premières cartes UGC illimitées: ça allait tuer le cinéma, faire mourir les petites salles, etc… Finalement, le nombre d’entrées en salle ne cesse d’augmenter année après année et les recettes avec. Tout le monde est content.

Jerome dit :

Point 4 : Et j’ajouterai : l’industrie actuelle de la musique, pareil !
Et je dis bien « les industries actuelles », car ce sont elles qui vont mourir, pas la création musicale ni le cinema !…

Point 5 : je voulais évidemment suggérer ce rapprochement d’idée: carte illimitée – licence globale
Voilà une des absurdités du sytème défendu par cette industrie du cinéma : tu peux prendre une carte illimitée, mais la SVOD (genre Netflix) coince parce les films éventuellement disponibles seraient ceux sorties il y a des années et des années !…
Mais kissonkon !!
:-)

Jc dit :

Enfin je trouve quelqu’un qui est du même avis que moi !!!

Je suis tombé sur ce site en cherchant un moteur de recherche des VOD freebox, parce qu’il faut le dire, c’est horrible de devoir chercher sur chacun des canaux, dotés d’interfaces toutes aussi moisies les unes que les autres…

Récemment, j’ai effectué un crawling sur allociné selon des critères comme « réalisateur que j’adore », ou « acteur que j’adore », et j’en suis arrivé a la liste suivante de films (bien, ou très bien notés), je n’ai gardé que ceux que je n’avais jamais vu :

La faille
Zodiac
Les marches du pouvoir
Le dernier château
Reservation Road
Chevauchée avec le diable
La disparition d’Alice Creed
Le livre d’Eli
Les intrus (2009)
Jusqu’en enfer (2009)
Melancholia
Barracuda (1997)
The murderer (2011, bon celui là il est bof au final)
Platoon
The Great Debaters
Good morning Vietnam
Repo Men (2010)
The experiment
L’invasion des profanateurs de sépultures (2007)
Le village des damnés
Détachement
King Kong (2005)
Summer of Sam (1999)

J’ai donc cherché sur un certain nombre de VOD freebox (pas tous, j’étais découragé par les interfaces pourries), et j’ai pu regarder les suivants :

The murderer (2011)
King Kong (2005)
Zodiac

La liste est maigre : je n’ai pas réussi a trouver les autres.

Donc ma question est : où puis-je trouver un moteur de recherche des canaux VOD freebox ?

Je n’ai pas parlé de Hancock que j’avais aperçu sur Canaplay, mais voulant le voir le lendemain, j’ai senti le nuage noir de la malchance passer au dessus : il avait été retiré…

Fabien dit :

@Jc: Bienvenue!
Tu soulèves un point important, en effet: il n’y a pas de moteur de recherche pour l’ensemble des services VOD, il faut aller sur chacun d’entre eux et se taper leurs interfaces médiocres. J’ai bien galéré pour vérifier la présence de chaque titre moi aussi…

Concernant les films que tu cites, pour ceux dont je me souviens bien, je recommanderais (dans le désordre): La faille, Zodiac, Le dernier château, Le livre d’Eli, Platoon, Good morning Vietnam.

Jerome dit :

@JC Moi, j’aime ton éclectisme dans tes goûts cinématographiques.

Pour ma part, je recommanderais quasi les mêmes que Fabien (mais je n’ai pas vu La Faille) et aussi :
Platoon (que Fabien omet pour d’inexplicables raisons !…)
The Experiment
Melancholia
et aussi :
La Ligne Rouge (et tous les films de Terrence Malick)

D’autres suggestions ?

Fabien dit :

@Jérôme: J’ai pas omis Platoon, t’es fou toi… Pas bien réveillé peut-être ?

Jerome dit :

Oops !
Il faut que je m’achète un tél avec un écran + grand. Un Galaxy Note ?

OK, je sors

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