Je l’ai déjà dit, je le répête. Dans toute cette histoire de guerre des Maps, celui qui a perdu le plus ce n’est pas forcément Apple, mais bien Google.
Alors certes, Apple va souffrir encore quelques temps de cette mauvaise image (selon moi, grandement injustifiée, mais on ne va pas revenir là-dessus) prise dès le début sur la pertinence de ses cartes. Mais finalement, le résultat est positif pour l’utilisateur qui a désormais le choix entre plusieurs applications GPS de grande qualité.
Google Maps et Apple Plans luttent désormais à armes égales, cartes vectorielles et navigation turn-by-turn en fer de lance. Et la compétition, c’est toujours bon pour l’utilisateur. Pour ce qui est du nombre de points d’intérêts et de l’efficacité du moteur de recherche, Google a toujours l’avantage, c’est indéniable. Apple va devoir travailler dûr pour rattraper la longue avance de son concurrent. La précision des cartes, sur la France en tout cas, me semble tout à fait correcte sur Apple Plans, je ne reviens pas là-dessus. Reste donc à comparer ce qui est récent sur iOS: les cartes vectorielles et la navigation turn-by-turn.
Les cartes vectorielles, un gros bénéfice
Pour les cartes vectorielles, elles se chargent aussi vite dans Apple Plans que dans Google Maps, même si à l’usage, l’affichage est un poil plus fluide dans la première, mais c’est très subjectif et je ne suis pas sûr que ce soit uniquement lié au chargement des cartes. Par contre, la différence avec l’ancienne Maps d’iOS 5 est ahurissante et on voit pourquoi Apple tenait tant à en faire bénéficier ses utilisateurs.
Et la navigation turn-by-turn, qui s’en sort le mieux ?
Google voulait une plus grande intégration au système iOS pour collecter d’avantage d’informations. Apple n’a pas cédé et, en proposant désormais sa propre application, prive Google de nombreuses fonctionnalités qui donnent un avantage certain à l’application Apple Plans. Cette dernière, profondément intégrée au système, est privilégiée puisque lancée automatiquement lors d’une recherche via Siri ou depuis les contacts par exemple. Certes, les utilisateurs les plus chevronnés iront chercher Google Maps, mais tous les autres continueront d’utiliser Apple Plans nativement, sans se poser de questions. Et avec le temps, je suis certain que Google Maps — malgré un nombre de téléchargements certainement important dans ses premiers jours de disponibilité — vera son utilisation sur iOS décliner.
Sur les captures ci-dessous (Google Maps à gauche et Apple Plans à droite), les raisons qui me font rester sur Apple Plans sont évidentes.
La lisibilité des cartes en mode navigation est, selon moi, à l’avantage d’Apple Plans. Le nom des routes clairement indiqué horizontalement dans des encarts colorés (en bleu, mon itinéraire, en vert les routes que je croise), l’ensemble de l’écran est utilisé pour la navigation et l’effet 3D un peu plus prononcé donne une meilleure visibilité sur le trajet à venir. Sur Google Maps, les noms des routes, même celle sur laquelle je roule, sont de travers, pratiquement illisibles lorsque je conduis. Toutefois, j’aime bien la possibilité de voir les étapes suivantes en swipant sur les indications d’itinéraire ou encore de se déplacer sur la carte (sans avoir à passer par “Aperçu” comme sur Apple Plans).
Petit gaspillage de place côté Google Maps, pour l’affichage de l’ETA, il faut toucher plusieurs fois la zone en question pour connaitre l’heure d’arrivée ou le kilométrage restant à parcourir. Coté Apple Plans, un appui sur l’ensemble de l’écran dévoile toutes les infos d’un seul coup. Pratique tout en conduisant.
Voilà bien l’un des avantages d’être intégré au système et conçue par Apple, Plans personnalise ses notifications lorsqu’on quitte temporairement l’application. L’icône indique la prochaine direction et le look & feel de la notification est identique aux panneaux dans l’application. Google Maps doit se contenter d’une icône et d’un titre, inutile d’un strict point de vue pratique et l’essentiel de l’information est réduit à une seule ligne, tronquée de ce fait. Par ailleurs, gros avantage pour Apple Plans, le guidage vocal continu de fonctionner même hors de l’application. Soucis du détail d’Apple, notez comment l’espace entre les icônes des applications est réduit afin que la notification ne vienne pas en surimpression et que l’ensemble d’entre-elles restent bien visibles.
Dans le même registre, sur l’écran vérouillé, Google Maps se contente d’une notification simple, sans guidage vocal. Apple Plans s’installe confortablement en fond d’écran avec des indications d’itinéraire détaillées, s’anime, continu son guidage vocal.
Pour terminer, on s’est beaucoup moqué d’Apple Plans sur la pertinence de ses cartes, mais question navigation, Google Maps, ce n’est pas toujours ça non plus, comme on peut le voir ci-dessus. Si quelqu’un peut m’expliquer l’intéret de faire le tour du paté de maison avant d’arriver…
Par ailleurs, j’ai remarqué une facheuse tendance de Google Maps à perdre son orientation pendant un itinéraire lorsque je suis à l’arret. Par exemple, je m’arrête à un feu, et Google Maps ne sait subitement plus dans quelle rue je suis sur l’intersection et me réoriente mal. Assez perturbant. Je vais voir si le problème persiste lors de prochains itinéraires.
En conclusion
J’étais un fidèle adepte de l’application Maps d’iOS5, même limitée. Apple Plans dans iOS6 m’a apporté tout ce qui me manquait cruellement. Cette nouvelle version de Google Maps est une vrai réussite, mais je resterai sur Apple Plans parce qu’elle répond à toutes mes attentes, et son intégration dans le système lui donne un avantage certain. C’est donc bien Google qui a le plus perdu dans cette histoire et non pas Apple.
Je pense qu’Apple a contraint Google à aller dans son sens et à offrir aux utilisateurs d’iOS une bien meilleure application que celle qu’elle proposait dans iOS5 et Dr Drang l’explique parfaitement dans son article Apple gets thrown in the briar patch:
iOS now has a free maps app that’s every bit as good as what’s on Android. Google Maps is almost certainly collecting more user information than Maps was before, but it isn’t nearly as much information as it would be if Google Maps were a system app. Also, because it isn’t a system app, whatever data Google Maps collects, it isn’t getting it by way of Apple.
Apple a fait le bon choix, en protégeant une fois de plus ses utilisateurs et en ne cédant pas au chantage technologique de Google. Comme l’explique John Gruber dans son article The Blame Game:
Google wasn’t trying to bolster Android by withholding turn-by-turn and vector tiles from iOS. If that was their goal, they wouldn’t have made a standalone iPhone app with these features. They were withholding those features as a negotiating tactic to get Apple to integrate iOS Maps further with Google’s services.
C’est pour ça qu’il faut s’identifier avec son compte Google pour utiliser Maps, désormais. Mais au moins, vous n’y êtes pas obligé, vous le faites en connaissance de cause et ce n’est pas de la faute d’Apple si vous êtes traqués dans vos déplacements et vos recherches.